Yoga et Psychisme, une alchimie avantageuse

Pratiquer le yoga de façon régulière semble améliorer les fonctions cérébrales des adeptes.

C’est en tout cas ce que démontrent les études et les méta-analyses effectuées auprès des yogis. D’ailleurs, l’engouement de ces derniers vis-à-vis de cette « vertueuse » activité ne cesse d’augmenter puisqu’actuellement c’est quelque trois millions de français qui la pratiquent avec régularité !
Les zones cérébrales qui bénéficient « objectivement » de cette activité, sont : l’hippocampe, la substance blanche, la substance grise, l’insula, le cortex orbitofrontal, le cortex somatosensoriel primaire, le cortex préfrontal, le système nerveux autonome, le striatum, le lobe frontal, le cortex cingulaire, l’amygdale et le thalamus.

Mais ce n’est pas tout ! Deux neuromédiateurs : le GABA et la dopamine sont davantage sécrétés au cours des séances et leurs effets persistent à moyen terme.

Pour mémoire, l’hippocampe est une structure cérébrale qui intervient dans les fonctions de mémorisation et de restitution de l’information, mais aussi dans le traitement émotionnel des informations et dans l’orientation spatiale. L’étude de la psychologue Britta Hölzel a prouvé que l’hippocampe subissait des changements neuronaux en termes de développement (le volume de l’hippocampe augmente) grâce à la pratique régulière du yoga (dans l’étude en question, il s’agissait de 8 semaines d’entraînement). Pour information, notons que le volume de l’hippocampe diminue chez : les patients dépressifs, les patients présentant un niveau important de stress et chez les patients traumatisés.

La substance blanche est située juste en dessous de la substance grise, qui contient les neurones. La précédente comprend les prolongements neuronaux, à savoir : les axones, les dendrites enveloppés dans une gaine blanche. Des études californiennes ont pu montrer l’existence d’un ralentissement du processus de dégradation de la substance blanche, lié à l’âge. En temps normal, cette dégradation a lieu avec le vieillissement, mais elle est ralentie grâce à la pratique régulière du yoga !

La substance grise bénéficie également des vertus de la pratique yogi puisque cette zone augmente, en termes de volume et de densité ; c’est en tout cas ce qu’a montré l’étude de Chantal Villemure aux Etats-Unis. Non seulement le nombre de neurones corticaux augmente, mais le nombre de leurs connexions synaptiques également.

L’insula, zone cérébrale impliquée dans les émotions, les ressentis corporels est également un territoire qui s’accroît via la pratique régulière du yoga. Il en est de même au niveau du cortex orbitofrontal, structure impliquée dans la récompense, dans la perception du plaisir et dans l’apprentissage. Idem pour le cortex somatosensoriel, impliqué dans la perception des sensations tactiles, mais également au niveau du cortex préfrontal, dont l’accroissement n’est pas anodin, d’autant plus que ses implications dans la planification de l’action, la mémoire de travail, dans le maintien de l’attention et dans la régulation de l’action, sont importantes !

Le système nerveux autonome régule des fonctions automatiques, telles que : la respiration, la digestion, la sudation… Deux méta-analyses américaines (effectuées par l’université de Calgary et de Cincinnati) ont pu confirmer les bénéfices introduits par les exercices respiratoires inclus dans la pratique du yoga et plus précisément sur la minoration de l’anxiété entraînant dans le même temps, la chute du niveau de stress et la majoration de l’effet bien-être.

Le striatum est une structure cérébrale profonde et centrale qui intervient dans la perception du soi. Cette structure est fortement stimulée lors des exercices faisant appel à l’attention.

Le lobe frontal est une structure impliquée dans le contrôle cognitif, c’est-à-dire toute activité de mémoire, de langage, de calcul, de raisonnement, de prise de décision… En 2020, une méta-analyse réalisée à partir de la synthèse de34 études, a démontré l’existence de meilleures performances cognitives chez les pratiquants de yoga au test de Stroop, qui implique des capacités d’inhibition, de flexibilité mentale, de prise de décision…

Le cortex cingulaire intervient dans l’attention visuo-spatiale ainsi que dans la mémoire spatiale.

L’amygdale est une structure impliquée dans la perception de la douleur, dans la menace, bref dans la perception de la peur et dans l’anxiété. Les études montrent que la pratique du yoga réduit le volume de l’amygdale et majore le contrôle émotionnel, apaisant en aval l’anxiété et le stress chez le yogi, tout en majorant le sentiment de bien-être subjectif.

Le thalamus est une structure cérébrale qui intervient dans la mémoire, dans le relais d’informations sensorielles, sensitives…

Le GABA comme son homologue la dopamine sont des neuromédiateurs, molécules chimiques, qui permettent d’assurer la transmission de l’information d’un neurone à l’autre.

Une étude de l’université de Boston a montré que la pratique du yoga 3 fois par semaine durant 3 mois, augmente la concentration du neuromédiateur GABA dans le thalamus et cela simplement après quelques séances ! Ce phénomène induit l’augmentation d’un sentiment de bien-être chez les pratiquants ainsi qu’une minoration des symptômes anxieux. Or, nous savons que les patients dépressifs exhibent des taux réduits de GABA !

Le neuromédiateur dopamine est fortement libéré par les yogis au cours de la pratique d’une séance de yoga dans le striatum (étude danoise de l’institut J.F. Kennedy de Glostrup). La sécrétion de ce neuromédiateur a pour effet d’atténuer les troubles anxieux, le stress et les formes légères de dépression.

Pour clore, disons que la pratique régulière du yoga semble avoir des effets tout-à-fait intéressants sur l’humeur, sur le bien-être, l’anxiété et la dépression. Cette activité, aujourd’hui fortement recommandée par les médecins et par les psychologues, ne doit toutefois pas se substituer à des traitements antidépresseurs ni anxiolytiques mais elle doit plutôt être envisagée comme un complément thérapeutique aux prescriptions précédentes.
cecile aguesse geronto psychologue portrait

Cécile AGUESSE,
Géronto-psychologue.

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