La socio-esthétique est une profession qui a vu le jour dans les années 1960.
Elle a d’abord été développée auprès des secteurs oncologique et psychiatrique pour s’étendre ensuite à d’autres secteurs comme l’associatif, le milieu hospitalier, médico-social, carcéral ou encore chez les particuliers.
La socio-esthétique s’adresse à toutes les classes d’âges mais cible une population d’abord en souffrance psychologique qui présente des troubles de l’image corporelle et du support identitaire, mais aussi une faille narcissique, un isolement social…
Dans les établissements médico-sociaux, la socio-esthétique peut parfaitement s’intégrer dans le cadre d’un projet de vie et/ou d’un projet de soins.
Cette profession est exercée par une esthéticienne, concept dérivé de « la science du beau », qui a reçu une formation complémentaire créée en 1976.
C’est en 2008 que le Ministère de la Santé valide la fiche métier de la profession et y associe la terminologie « psycho-socio-esthétique », qui constitue une forme de reconnaissance d’une prise en soins « thérapeutique ».
L’EHPAD, établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes est finalement né de plusieurs interrogations :
– comment continuer à prendre soin des personnes âgées vieillissantes ?
– tenter de rompre l’isolement des personnes âgées lorsque les proches sont peu, voire pas disponibles,
– continuer à assurer les soins, une fois initiés, même lorsque la personne âgée possède peu, voire pas de ressources,
– offrir un hébergement digne afin d’accompagner la personne âgée jusqu’au bout de sa vie. Alors que l’espérance de vie ne cesse de s’allonger.
Mais, avant l’apparition des EHPAD, ce sont les hospices qui accueillaient la vieillesse, également les enfants trouvés, les malades, les estropiés et les personnes âgées sans ressources. Tout ce monde était non seulement « mélangé » mais vivait ensemble dans une salle commune sans aucun espace médicalisé. Ce dernier fait son apparition dans la seconde partie du XIXème siècle.
L’hospice disparaît en 1975 et laisse sa place aux maisons de retraite, qui, comme leur nom le souligne, accueillent des personnes âgées retraitées.
L’EHPAD est introduit au XXIème siècle. Il accueille des personnes âgées qui souffrent de polypathologies et qui, de ce fait, sont tout à fait en mesure de souffrir d’une faille narcissique, d’une chute de l’estime de soi, de dévalorisation, de souffrance morale et/ou physique. Dans ce contexte, la socio-esthétique trouve très naturellement sa place !
Parce que les personnes âgées qui entrent en EHPAD sont souvent confrontées à de multiples pertes physiques et/ou psychologiques, tout l’enjeu de la profession « socio-esthétique » sera justement de permettre au résident accueilli à l’EHPAD : « de bien vieillir autant du point de vue physique que mental, d’être bien dans sa peau, avoir une bonne estime de soi et s’accepter (…) car la valeur la plus importante semble être l’estime de soi car elle permet de s’adapter aux changements liés au vieillissement, de se sentir aimé, de tolérer la frustration et de continuer à vouloir se réaliser et croître ».
Pour atteindre cet objectif louable, la socio-esthétique utilise de nombreux outils :
– le soin des mains, des pieds (massages doux à base de crèmes hydratantes, manucures),
– le soin du visage (épilation, massage, maquillage),
– la stimulation des sens (par l’emploi de produits cosmétiques aux odeurs et aux textures agréables),
– la coiffure (shampooing, massage doux du cuir chevelu),
– le soutien psychologique (lutte contre la rupture du lien social, la réassurance, la revalorisation).
Ainsi, tout l’enjeu de la socio-esthétique en EHPAD est-il de permettre à toute personne âgée en souffrance psychologique, de l’aider à restaurer une image positive et valorisante d’elle-même malgré l’avancée en âge et les pertes qui y sont associées.
Réinstaurer la confiance en soi pour affronter la vieillesse sereinement est donc une gageure de la socio-esthétique !