Quelles prises en charge pour gérer l'agressivité et l'agitation des malades d'Alzheimer ?

La gestion des troubles du comportement chez les malades d’Alzheimer repose sur l’analyse comportementale de l’observateur.

Gérer les troubles du comportement chez les malades d’Alzheimer ou tout autre malade souffrant de pathologie neurodégénérative n’est pas évident. C’est la raison pour laquelle il est important d’avoir une solide connaissance de ceux-ci, de savoir les définir correctement pour pouvoir agir objectivement lorsqu’ils se manifestent !
Par trouble du comportement, on fait référence à une action ou bien à une réaction qui diffère du comportement habituel. En général, le trouble du comportement traduit l’existence d’un désordre psychique.
Dans le cadre d’un trouble neurocognitif majeur, les troubles du comportement évalués par l’inventaire neuropsychiatrique sont :
– Les idées délirantes,
– Les hallucinations,
– L’agitation/l’agressivité,
– La dépression,
– L’anxiété,
– L’exaltation de l’humeur/euphorie,
– L’apathie,
– La désinhibition,
– L’irritabilité/instabilité de l’humeur,
– Le comportement moteur aberrant.
L’agitation/agressivité peut être verbale et/ou physique ; elle peut être motivée par l’opposition ou le refus ; il peut s’agir d’une conduite répétitive, stéréotypée, incohérente ; d’une agitation anxieuse en lien avec la fin de la journée et la tombée du jour ; elle peut être la manifestation d’idées délirantes auxquelles le malade adhère ; ou bien la conséquence de rêves éveillés en cas de troubles du sommeil ; ou encore le fait d’une non reconnaissance de ses troubles ou de sa maladie (anosognosie) ; la reviviscence d’événements ayant été réellement vécus dans l’histoire de vie.
L’analyse comportementale peut être un outil intéressant pour aider à mieux gérer les troubles du comportement. Cette analyse consiste à se poser les questions suivantes, dans un premier temps :
– Qui ? est le malade,
– Quoi ? de quel type d’agressivité/d’agitation s’agit-il ? (verbal, non verbal, désinhibition…),
– Où ? le trouble du comportement se produit-il ?,
– Avec qui ? lorsqu’une personne parfaitement identifiée est présente ?,
– Quand ? c’est-à-dire à quel moment le trouble se produit-il ?,
– Comment ? dans quelles circonstances ? (manifestation délirante, incompréhension de l’environnement, non reconnaissance de l’aidant…
Une fois que des réponses ont pu être apportées à l’issue de l’analyse comportementale précédente il est possible de privilégier certaines pistes afin d’aider à apaiser les troubles du comportement émis par le malade.
On peut :
– Le rassurer en lui parlant d’une voix calme et posée,
– Chercher à capter son attention,
– S’adresser à lui comme on s’adresse à un adulte, sans infantiliser,
– Utiliser la diversion,
– Mimer, si la communication verbale ne fonctionne plus,
– Utiliser des termes à valence positive (faites-moi confiance, ne vous inquiétez pas…),
– Se synchroniser sur le comportement du malade en l’imitant, en respectant la même cadence, le même rythme (déambuler en même temps) et lorsque l’aidant et le malade sont synchronisés, l’aidant propose des mouvements différents pour inverser la synchronisation afin de guider le malade (en reprenant la main en quelque sorte) vers un autre lieu afin qu’il puisse s’apaiser.
Chez le malade diagnostiqué à un stade léger à modéré, il est intéressant de télécharger des séances de méditation pleine conscience.
Dans la prise en charge de l’agitation/agressivité, la prescription d’un médicament est indiquée uniquement dans les cas suivants :
– La décompensation d’une maladie psychiatrique telle que la dépression, une phase maniaque, une anxiété majeure,
– La manifestation d’hallucinations,
– En cas de troubles du sommeil.
Lorsqu’il y a urgence dans la gestion d’une crise :
– Se protéger physiquement et protéger le malade (ôter des objets qu’il pourrait utiliser en les mettant hors de portée),
– Appeler un renfort,
– Arrêter ce que l’on a débuté pour prendre en charge la crise,
– Passer la main à un tiers,
– Contacter le médecin et l’informer de la situation,
– Réfléchir avec le médecin à la possibilité d’hospitaliser le malade en cours, moyen, long séjour, en unité cognitive et comportementale afin d’aider à gérer le trouble, poser un diagnostic sur le trouble du comportement,
– Enfin, proposer une prise en charge médicamenteuse associée à des propositions de conduites à tenir.

Pour aller encore plus loin : « Alzheimer quoi faire ! » ; « Comment mieux repérer puis gérer l’agressivité et la violence en EHPAD ? » ; « Méthode de la validation », ouvrages disponibles sur ce site en deux formats : téléchargeable et papier.

cecile aguesse geronto psychologue portrait

Cécile AGUESSE,
Géronto-psychologue.

Partagez cet article en un clic !

À la une

MG 1506 nb.jpg

Intérêts et risques d’une contention en ehpad

Amender les troubles du comportement chez le résident institutionnalisé est LE moyen de prévenir la ...
Découvrir →
deuil anticipe fin de vie

Quels soins de confort apporter chez les malades d’Alzheimer en fin de vie ?

On parle de maladie neuro-évolutive lorsque l’on fait référence à la maladie de Parkinson, d’Alzheimer, ...
Découvrir →