Si les bénéfices du cannabis ou marijuana médicale sont connus depuis longtemps, en France c’est seulement depuis le mois d’octobre 2020 que le Ministère de la Santé a accordé son feu vert aux thérapeutes pour le prescrire et/ou l’administrer à leurs patients mais sous certaines conditions.
En effet, nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements puisque quelques milliers de patients français doivent d’abord être testés au cours de cette année 2021 avant d’en généraliser la pratique médicale. Tous les patients qui font l’objet de ces tests ont été rigoureusement sélectionnés à partir de différents critères puisqu’ils devaient tous présenter au moins : des douleurs neuropathiques, certaines formes d’épilepsie, des cancers, des scléroses en plaques ou bien encore être séropositifs. De plus, les traitements privilégiés pour ces tests devant obligatoirement se présenter sous formes : d’huiles, de gélules, de fleurs séchées contenant cette substance active du cannabis, également nommée : tétrahydrocannabiol.
Les effets de la marijuana médicale sont objectivement connus depuis 1965, année durant laquelle une équipe de recherche de l’université de Jérusalem en a dégagé les vertus suivantes : psychotrope, car le cannabis modifie le fonctionnement psychique ; antalgique c’est-à-dire antidouleur ; antispasmodique c’est-à-dire qui intervient dans la modulation de nos émotions.
Nous possédons tous dans notre cerveau des récepteurs sur lesquels le cannabis vient se fixer lorsque nous en consommons. Mécaniquement, le cannabis que nous ingérons vient se greffer sur ses récepteurs pour produire des effets excitateurs sur les neurones. C’est ce qui explique ses effets sur notre psychisme et dans notre organisme. Par exemple, lorsque les molécules du cannabis se fixent sur leurs récepteurs au niveau des neurones du cortex, ces molécules provoquent un effet psychotique ; si ces molécules se fixent au niveau des cellules des ganglions de la base -structures et noyaux profonds du système nerveux central- elles provoquent des troubles du mouvement ; lorsqu’elles viennent se fixer sur les récepteurs de l’amygdale, elles modulent les émotions ; lorsqu’elles se fixent sur l’hypothalamus, elles stimulent notre appétit ; au niveau du tronc cérébral et de la moelle épinière, ces molécules diminuent la sensation douloureuse ; si le cannabis vient se fixer au niveau des récepteurs du système immunitaire, il produit un effet anti-inflammatoire ; enfin, s’il se fixe au niveau de l’hippocampe, il détériore la mémoire.
Nous savons également que l’utilisation thérapeutique de la marijuana médicale avec modération, entraîne des bénéfices dans le traitement de maladies neurodégénératives comme l’est la maladie d’Alzheimer. Cette pathologie se caractérise par l’apparition de plaques séniles et d’enchevêtrements neurofibrillaires dans et à l’extérieur des neurones. Ces phénomènes résultent d’excès protéiques : TAU et Bêta-Amyloïde qui provoquent la mort des neurones et de leurs prolongements : les synapses, mais aussi un stress oxydatif, une inflammation, l’arrêt de la neurogenèse dans la région hippocampique.
Or, les bénéfices observés chez des patients soumis à des doses modérées de marijuana médicale sont les suivants :
– le ralentissement dans la formation de protéine Bêta-Amyloïde,
– l’empêchement de son agglomération en plaques séniles,
– la réduction du développement des neurofibrilles,
– la réduction de l’inflammation, qui, en temps normal entraîne un stress oxydatif qui génère la mort des neurones par oxydation,
– la stimulation de la croissance de nouveaux tissus neuraux, opération communément appelée neurogenèse.
Actuellement, de nombreuses études se développent quant aux propriétés du cannabis médical. Gageons que d’ici quelques années celles-ci -même si elles sont déjà porteuses de grands espoirs- permettront au monde scientifique de mieux maîtriser les mécanismes qui causent la maladie d’Alzheimer et les déficits neurodégénératifs qui y sont associés, pour apporter toujours plus de confort aux malades et à leurs aidants.