Les médicaments sont-ils réellement nécessaires pour soigner une dépression ?

La chimie ou le naturel pour traiter la dépression ?

Les traitements antidépresseurs sont tout à fait intéressants pour réguler l’humeur mais leurs inconvénients sont légion ! Effectivement ceux-ci peuvent majorer l’anxiété, entraîner une levée de l’inhibition ou bien générer des troubles cardiaques… Parfois le praticien se doit de les prescrire lorsqu’il existe un risque important de passage à l’acte suicidaire ou de vulnérabilité génétique… Mais, lorsque cela est possible, le traitement « naturel » d’une dépression reste néanmoins le meilleur outil.
S’il existe différents types de dépressions, les épisodes « légers à modérés », voire « sévères », peuvent parfois être soulagés avec des « méthodes naturelles » ce qui évite le risque de manifestation d’effets secondaires parfois associés aux traitements antidépresseurs prescrits par le praticien.
Il est admis qu’un patient sur cinq a déjà manifesté ou bien manifestera, à un moment donné, une dépression. Or, les traitements antidépresseurs prescrits ne sont pas obligatoirement la panacée. Des études ont effectivement révélé quels pouvaient être les bénéfices de certaines méthodes « naturelles » telles que : la luminothérapie, la balnéothérapie, les régimes alimentaires à base d’Oméga 3, le sport, la thérapie cognitive et comportementale, la médiation « pleine conscience »…
Concernant la luminothérapie, le docteur GEOFFROY, psychiatre, neuroscientifique et Maître de Conférences des universités auprès de l’université de Paris nous rappelle que : « Au-delà des effets sur l’horloge biologique on a pu identifier des voies directes entre la rétine et des centres de régulation de l’émotion dans le cerveau avec notamment des effets sur le système sérotoninergique dans certaines zones cérébrales que l’on sait impliquées dans la dépression ». Pour obtenir un bénéfice tout à fait acceptable, l’exposition à la lumière doit être quotidienne, à raison d’une demi-heure face à une puissance de 10 000 lux à moins d’un mètre du visage.
La balnéothérapie a fait l’objet d’une étude auprès de l’université du Wisconsin. Elle fournit des résultats tout à fait encourageants dans la gestion de l’anxiété qui accompagne généralement la dépression. L’étude s’est déroulée en 2016 de la façon suivante et selon cette hypothèse : « L’humeur des patients s’améliore lorsque leur température corporelle augmente ». Pour mettre à l’épreuve l’hypothèse, les scientifiques ont utilisé des outils qui ont permis d’augmenter la température corporelle à 38.3° chez des patients diagnostiqués dépressifs « sévères ». Les scientifiques ont alors observé que « 60 % des patients répondaient au traitement et 40 % répondaient aux critères de rémission de la dépression après une seule séance ». Afin de comprendre la mécanique de cette rémission il est prévu que des scientifiques de l’université Lakehead au Canada exposent à nouveau des patients dépressifs, anxieux, souffrant de stress post-traumatique. Deux groupes seront alors constitués : le groupe contrôle et le groupe expérimental ; l’un des groupes bénéficiera de bains chauds des membres inférieurs durant 30 minutes à raison de trois fois par semaine pendant deux mois tandis que l’autre aura les membres inférieurs baignés dans l’eau froide dans les mêmes conditions de temps, de durée… Cette nouvelle et prochaine expérimentation auprès d’un échantillon de 150 sujets, permettra aux scientifiques de comparer la gravité des symptômes selon que les patients auront été baignés dans l’eau froide ou dans l’eau chaude.
Au plan alimentaire, le régime « méditerranéen » a montré des bénéfices intéressants. Ce régime constitué d’une association céréales-légumineuses, d’acides gras…, réduit le risque de voir se manifester une dépression de 33 % chez tout sujet ayant adopté ce type alimentaire. De nouveaux travaux ont permis de conforter l’hypothèse qu’une supplémentation en Oméga 3 pouvait même soigner un patient dépressif, c’est en tout cas ce que préconisent les recommandations canadiennes. Le docteur FOND, psychiatre, n’hésite pas à prescrire auprès de ses patients anxio-dépressifs des Oméga 3 puisque ceux-ci ont prouvé leur efficacité dans le traitement de la maladie. Aussi, pour minorer le risque de survenue de symptômes dépressifs, le docteur FOND associe aux compléments d’Oméga 3, de la vitamine « D » dont le rôle est démontré dans la manifestation pathologique. Il semble effectivement qu’un lien existe entre carence en vitamine « D » et manifestation dépressive !
Le fait de pratiquer régulièrement une activité physique aurait également des effets bénéfiques pour lutter contre l’apparition d’une dépression. Non seulement le fait de pratiquer un sport apporterait le même bénéfice que celui de prendre un médicament antidépresseur mais la pratique sportive régulière protègerait en termes préventifs. Le sport aurait donc un effet protecteur et de prévention contre la maladie. L’origine de cette conclusion est à rechercher auprès d’universitaires britanniques qui ont effectué une méta-analyse ciblant les traitements « naturels » de la dépression. Ces scientifiques de l’université de Cambridge School of Clinical Medecine ont montré que : « 12 % des cas de dépression pourraient être évités avec une activité physique ; précisément, ceux qui ont fait de la marche rapide pendant 2.5 heure/semaine ont un risque de dépression plus faible ; ceux qui ont réalisé la moitié de l’activité physique recommandée avaient un risque de dépression inférieur de 18 % ; pour ceux qui ont suivi les recommandations officielles, le risque chutait de 25 % ».
La thérapie cognitive et comportementale semble être un outil de lutte contre la dépression « modérée » tout à fait intéressant. Selon l’HAS, la thérapie cognitive et comportementale est l’outil « de première intention ». La thérapie cognitive et comportementale est pratiquée par un professionnel de santé et consiste à utiliser des techniques visant à modifier des pensées non adaptées en pensées plus positives, ou bien à mettre en pratique des techniques de relaxation pour minorer l’anxiété et l’angoisse, souvent associées à la dépression.
La méditation « pleine conscience » est une technique naturelle qui a fait l’objet d’une étude scientifique auprès d’un échantillon de 400 patients. Deux groupes ont été constitués et l’un d’entre eux a reçu un traitement antidépresseur tandis que le second a bénéficié de séances de méditation « pleine conscience ». Les résultats obtenus au bout de deux ans sont assez bluffant puisque les taux de rechute s’élèvent respectivement à 44 et à 47 %. En conséquence, les chercheurs ont pu estimer que la méditation « pleine conscience » constitue une méthode de prévention contre les rechutes dépressives tout à fait intéressante. Pour rappel, la méditation « pleine conscience » permet une prise de distance par rapport à ses émotions par un travail de centration sur l’instant présent. Elle doit être pratiquée 30 minutes par jour de manière fractionnée pour obtenir des résultats satisfaisants.

Pour aller encore plus loin, voir à la section livres : « Mécanique de la dépression » ; à la section micro-formations : « Lutter contre la dépression de la personne âgée ».
cecile aguesse geronto psychologue portrait

Cécile AGUESSE,
Géronto-psychologue.

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