« L’isolement social et/ou familial ». En effet, on note qu’il arrive que les enfants, les amis…, s’éparpillent géographiquement pour diverses raisons, ce qui freine parfois drastiquement les visites et les retrouvailles. Le décès du conjoint laisse souvent son partenaire survivant dans la crainte de ne plus pouvoir se sentir en capacité de gérer les tâches dont il/elle avait la responsabilité.
« La dénutrition ou la malnutrition ». Fait plutôt courant et banal chez la personne âgée et qui découle de plusieurs raisons : financière, maladie, idée fausse, manque de motivation. Il faut déjà prendre conscience que l’entrée dans la retraite divise par deux voire par trois le revenu et que par ailleurs les prix à la consommation ne cessent d’augmenter, ce qui finit par limiter les choix des consommateurs retraités. La maladie n’est guère neutre non plus puisqu’elle peut modifier le goût des aliments, leur texture freinant leur ingestion. Notons également l’idée selon laquelle la personne âgée reste convaincue qu’elle n’a plus besoin de manger autant que lorsqu’elle était encore en activité (professionnelle), alors qu’elle doit normalement continuer à ingérer entre 1200/1500 calories par jour. Enfin, devoir cuisiner pour soi-même reste peu motivant ce qui explique que la personne âgée oriente ses choix vers des solutions facilitatrices mais dont les conséquences sont désastreuses à court terme : anorexie, sensibilités aux infections, perte des dents…
« La dépression et le suicide ». Parce que vivre seul(e) entraîne un risque de rumination mentale, d’alimentation d’idées noires qui peuvent creuser le lit de la dépression. Ce contexte dépressif mène tout sujet à se replier chez lui et en lui, à rompre tout contact social, à cesser de s’alimenter, à s’aliter sur des durées de plus en plus importantes jusqu’à ne plus désirer quitter son lit, à vivre volets et porte closes, à ébaucher les premières scènes de son scénario suicidaire car quelles sont les raisons auxquelles il devrait s’accrocher pour continuer à vivre ?
« La démence et les maladies neurodégénératives ». Effectivement, le manque de stimulations intellectuelles constitue un risque de voir se manifester progressivement et insidieusement une démence sénile de type Alzheimer (DSTA). L’étude PAQUID (Personne Âgée QUID) conduite par le Professeur DARTIGUES de Bordeaux, soulignait déjà l’importance de la stimulation cognitive comme moyen de lutte contre ces maladies.
« La perte d’autonomie physique ». Parce qu’en colocation le partage des tâches est de rigueur, tout comme le sont les concepts de solidarité et d’entraide. Chaque colocataire peut ainsi proposer son aide pour effectuer certaines tâches parce qu’il gère, qu’il maîtrise ou parce qu’il souhaite plus simplement rendre service. Par ce moyen chacun y trouve son compte, sa place et son rôle. En plus, le bénéfice psychologique n’en est que meilleur.
« Le sentiment d’inutilité ». La dévalorisation est un sentiment qui peut découler de l’inutilité avec en cortège la majoration de la prescription de benzodiazépines (anxiolytiques, antidépresseurs, inducteurs de sommeil…), hautement délétères pour la cognition et plus précisément au niveau de la mémoire et de la conscience.
DONC, colocataire un jour, colocataire toujours ? En tout cas, la colocation entre seniors semble constituer une source de bienfaits puisqu’elle :
– rehausse l’estime et la confiance en soi,
– valorise,
– stabilise et équilibre l’humeur,
– améliore l’état nutritionnel,
– réduit les prescriptions de médicaments,
– assure le maintien de l’autonomie physique et psychologique,
– réduit la charge financière,
– recule l’âge d’entrée en maison de retraite,
– regroupe, en général des colocataires de la même génération ce qui assure de partager des centres d’intérêts communs.
Juste une signature au bas du contrat de bail permet d’ouvrir les portes de la colocation. Si cet outil locatif a de plus en plus d’adeptes en Europe c’est très probablement parce que les seniors et leurs proches y trouvent les moyens de se rassurer quotidiennement et dans des conditions bien moins rigides et bien moins formelles que celles qui sont ordinairement proposées et instaurées dans les maisons de retraites classiques.
Alors, à bon entendeur…. !
Pour aller encore plus loin, retrouvez ma formation sur la dénutrition et la malnutrition chez la personne âgée et mon livre : « Mécanique de la dépression », sur ce site.