L'albumine, cette proétïne tueuse

50 millions de personnes souffrent de maladies dégénératives

L’Organisation Mondiale de la santé nous rappelle que 50 millions de personnes souffrent de maladies dégénératives (accident vasculaire cérébral, démence mixte, maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson…) dans le monde et que 10 millions de patients sont régulièrement diagnostiqués chaque année, confortant cette hypothèse que le syndrome démentiel constitue aujourd’hui un véritable enjeu de santé publique !
Plusieurs recherches dirigées par Daniela KAUFER et Alon FRIEDMAN ont démontré que l’albumine était capable d’entraîner diverses pathologies cérébrales. Afin d’aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont tout d’abord confronté des souris à des situations particulièrement stressantes avant de constater qu’effectivement le stress engendré motivait l’émergence de troubles neurologiques chez ces petits mammifères !

Rappelons que l’ensemble des vaisseaux sanguins du cerveau sont élaborés de telle sorte qu’ils empêchent la pénétration de certaines substances dans le tissu cérébral mais également d’en sortir. Ces vaisseaux hautement protecteurs forment en quelque sorte un bouclier qui protège le cerveau d’intrusions toxiques, d’agents pathogènes… Ce bouclier protecteur forme ce que l’on nomme la barrière hématoencéphalique. Ainsi protégé, le cerveau peut fonctionner en toute sérénité et en toute optimalité.

A l’inverse, lorsque le bouclier se fissure, le risque majeur est que les toxines, les bactéries, les médicaments… s’introduisent dans le tissu nerveux pour y modifier son activité cellulaire.

Les auteurs de la recherche confirment que le stress provoque des fissures dans la barrière hématoencéphalique et voici comment ils s’y sont pris pour le démontrer. Ils ont créé une situation expérimentale suffisamment stressante (faire nager des souris dans de l’eau froide) à laquelle ils ont confronté les murins. Une fois stressés, des fuites se sont formées dans leur bouclier protecteur, entraînant in fine divers phénomènes : inflammation cérébrale, troubles cognitifs, activité désorganisée des circuits neuronaux. Tous ces événements ont d’ailleurs fait l’objet d’observations antérieures chez les malades d’Alzheimer ou bien chez ceux souffrant de syndromes apparentés. Effectivement, l’existence de fuites dans ce bouclier a été confirmée chez les patients.

La coupable : l’albumine, une protéine qui, lorsqu’elle est intégrée au tissu nerveux post bouclier hématoencéphalique, vient stimuler l’action de certaines cellules cérébrales : les astrocytes. Leurs fonctions sont plurielles puisqu’elles assurent le soutènement du cerveau, sa protection et qu’elles améliorent la qualité de la communication entre les neurones. Aussi, lorsque l’albumine va venir se lier aux récepteurs des astrocytes (en principe prévus pour accueillir « le facteur de croissance transformant bêta ou TGFB ») elle va hyper-stimuler les astrocytes et ses cellules sentinelles que sont les microglies, entraînant à leur tour la surproduction de « TGFB ». Cette surabondance de « TGFB » va détruire, modifier, affaiblir les réseaux et les circuits neuronaux voisins.

Même si cette séquence se produit également dans le cerveau âgé, observons que l’albumine ne s’infiltre pas dans le cerveau jeune. Ce phénomène peut signifier une certaine intégrité de la barrière hématoencéphalique chez les sujets les plus jeunes !

Les difficultés cognitives commençaient seulement lorsque l’albumine avait pénétré le cerveau et lorsque l’inflammation venait de débuter.

Si les auteurs montrent que lorsque le cerveau est âgé sa barrière hématoencéphalique se fragilise et fuit, ils montrent aussi que trois événements majeurs sont présents dans cette fragilisation : le stress, l’âge, l’Alzheimer, trois conditions qui vont faciliter l’insertion de l’albumine dans le tissu cérébral.

Barry HART, chimiste, a élaboré un traitement qui bloque justement l’activité du récepteur au « TGFB ». Doté de ce médicament, Daniela et Alon notent que lorsque celui-ci est administré aux murins présentant une fuite d’albumine dans leur cerveau, l’inflammation diminue ainsi que l’anomalie de l’activité neuronale et qu’au-delà de ces phénomènes, leur cerveau se régénère !

Ces observations suggèrent qu’un cerveau d’âge moyen devient tout-à-fait capable de modelage et de restauration, ce qui est encourageant et plus précisément chez les patients souffrant de maladies dégénératives dont nous savons l’impact négatif de l’inflammation dans l’apparition de la démence.

Ainsi, une nouvelle orientation de recherche se profile par rapport à celle préconisée dans le passé, à savoir : celle d’augmenter la perméabilité de la barrière hématoencéphalique. Grâce aux découvertes de Daniela et d’Alon, nous comprenons mieux aujourd’hui l’importance de renforcer la protection du bouclier hématoencéphalique en en limitant -au contraire- sa perméabilité !
cecile aguesse geronto psychologue portrait

Cécile AGUESSE,
Géronto-psychologue.

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