Implication du sommeil dans l'émergence d'une maladie d'Alzheimer

Plusieurs études scientifiques suspectent que les troubles du sommeil pourraient avoir une implication dans l’émergence d’une maladie neurodégénérative comme l’est la maladie d’Alzheimer. Des techniques simples et efficaces permettent, fort heureusement, de rétablir les rythmes veille/sommeil et de réduire considérablement le risque de manifestation d’un déclin cognitif ».

Le sommeil est un phénomène universel qui fait naturellement suite à une période d’éveil. Chacun d’entre nous a besoin d’une période de repos, qui présente d’ailleurs une importante variabilité selon les individus et qui reste strictement dépendante de nos activités quotidiennes. L’histoire nous rappelle à ce sujet que l’auteur Victor Hugo dormait 5 heures par nuit tandis que le physicien Albert Einstein avait besoin de 12 heures de sommeil par nuit « pour se réparer ».
Le sommeil est un phénomène universel qui fait naturellement suite à une période d’éveil. Chacun d’entre nous a besoin d’une période de repos, qui présente d’ailleurs une importante variabilité selon les individus et qui reste strictement dépendante de nos activités quotidiennes. L’histoire nous rappelle à ce sujet que l’auteur Victor Hugo dormait 5 heures par nuit tandis que le physicien Albert Einstein avait besoin de 12 heures de sommeil par nuit « pour se réparer ».
Le sommeil n’est pas quelque chose de passif bien au contraire puisque différentes phases le constituent. Ces phases sont :
– L’endormissement,
– Le sommeil lent léger,
– Le sommeil lent profond,
– Le sommeil paradoxal, qui ponctue les phases précédentes.
Avec le vieillissement, les quantité/qualité de sommeil se modifient. En effet, par rapport à une population jeune, la personne âgée a besoin de dormir moins longtemps ; elle va aller se coucher plus tôt ; son sommeil sera davantage fragmenté ; elle aura tendance à faire une sieste ; sa phase de sommeil lent profond sera plus réduite comme celle du sommeil paradoxal.
Il est intéressant de souligner que la distinction entre la période de veille et la période de sommeil reste possible chez la personne âgée cognitivement saine ou bien lors des premiers stades de la maladie d’Alzheimer alors que chez le malade dont le score à l’échelle MMS est bas la distinction entre période de veille et période de sommeil n’est plus clairement possible. Pour l’expliquer on peut remarquer que les lésions habituellement retrouvées dans la maladie impactent négativement le sommeil dans plusieurs directions :
– Perte de la capacité à clairement distinguer les phases d’éveil et de repos,
– L’apparition de phases de fragmentation du sommeil plus marquées avec davantage de phases d’éveils qui seront longs (1 heure au moins),
– Réduction drastique du sommeil paradoxal.
L’ensemble de ces phénomènes délétères s’explique par la présence des plaques amyloïdes, c’est-à-dire une protéine (amyloïde) qui va s’accumuler sous sa forme toxique à l’extérieur des neurones puis dans les zones cérébrales suivantes :
– Le cortex cingulaire postérieur, hautement impliqué dans les activités de mémoire, de planification, de traitement de l’information spatiale,
– Le précunéus, impliqué dans la mémoire, dans la perception spatiale et dans la conscience de soi.
Ainsi, le contexte maladie d’Alzheimer peut se résumer comme suit : les lésions dues à la maladie entraînent les troubles du sommeil !
Toutefois, les troubles du sommeil diagnostiqués chez l’individu sain, constituent-ils un facteur de risque de démence, à terme ?
Les résultats de trois études sur ce sujet sont intéressants.
Une étude longitudinale canadienne réalisée auprès de 26 000 sujets expérimentaux âgés de 50 à 70 ans sur une durée de 3 ans indique que les individus dont la durée du sommeil est inférieure ou égale à 6 heures par nuit, présentent davantage de lésions amyloïdes dont on sait le rôle néfaste dans la maladie d’Alzheimer. Selon cette étude, il existe bien un lien entre l’insomnie et le risque de déclin cognitif.
Une étude Norvégienne réalisée auprès d’une cohorte de 7500 sujets expérimentaux eux-mêmes suivis sur une durée de 11 ans exclut un lien entre insomnie et risque de déclin cognitif.
Une étude française souligne une corrélation positive entre qualité d’endormissement et risque de déclin cognitif. Selon cette étude, la présence de plaques amyloïdes dans les zones cérébrales ordinairement affectées par la maladie d’Alzheimer est supérieure à la normale lorsque les individus manifestent une insomnie de début de nuit.
D’autres études ont relevé que les sujets âgés « siesteux » ont davantage de risques de manifester un déclin cognitif et plus précisément si leurs siestes se répètent, qu’elles durent c’est-à-dire plus d’une heure par sieste, si elles sont fréquentes c’est-à-dire plus d’une sieste par jour.
Les apnées du sommeil non traitées et dont le nombre est égal ou supérieur à 15 par nuit, augmentent la probabilité de manifester une maladie d’Alzheimer. Les études ont montré que les lésions cérébrales entraînées par l’apnée du sommeil étant identiques à celles retrouvées dans la maladie d’Alzheimer.
Aussi, la prise de benzodiazépines afin de favoriser l’endormissement augmente le risque de maladie d’Alzheimer si elle ne respecte pas certaines règles : durée de prescription maximale de trois mois, suivie d’une période de sevrage. Si l’insomnie persiste malgré tout il est toujours possible de se tourner vers d’autres types de prises en charge.
On peut donc évoquer l’hypothèse selon laquelle : « Les troubles du sommeil constitueraient un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer » !
Fort heureusement, il existe différents moyens qui vont permettre d’améliorer la qualité de notre sommeil. En voici quelques exemples :
– Conserver autant que faire se peut un horaire de coucher et de lever régulier,
– Se coucher seulement lorsque l’on est fatigué et se méfier des endormissements en soirée (sur le canapé devant la TV par exemple),
– Durant le week-end et pendant les congés, conserver le même rythme (lever à l’horaire habituel),
– Multiplier les activités extérieures en journée et profiter de la lumière du jour,
– Privilégier un endroit calme, sombre et insonorisé pour dormir,
– Eviter les excitants avant d’aller se coucher (pas de coca, pas de café, pas de tabac, pas d’activité sportive après 20 heures),
– Prendre un dîner léger pour faciliter la digestion et ainsi favoriser l’endormissement,
– Eviter de faire des siestes trop longues et fréquemment pour ne pas risquer d’inverser les rythmes veille/sommeil.
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cecile aguesse geronto psychologue portrait

Cécile AGUESSE,
Géronto-psychologue.

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