Covid : l'effet boomerang ?

Le virus à l'origine de la "Covid-19 : le SARS-COV-2" a tendance à venir se fixer sur le système nerveux central.

Au début de l’année 1918 l’épidémie de grippe espagnole affecte le « patient zéro » dans un camp militaire du Kansas aux Etats-Unis. Il s’agit d’un fermier contaminé par un virus né de la combinaison d’une souche humaine et de gènes aviaires à l’origine du « H1 N1 ».

A cause des mouvements liés à la première guerre mondiale ce virus se propage rapidement à l’Europe, aux colonies puis au monde entier. Malgré le vote des gestes barrières et la prise de mesures coercitives comme : le port du masque, le lavage des mains, l’interdiction de se réunir, la fermeture des théâtres, des écoles, bref des établissements qui accueillent ordinairement le public, la désinfection systématique des transports…, l’inexistence des traitements antibiotiques (qui seront seulement introduits à la fin des années 1930), l’épidémie continue à gagner du terrain pour finalement devenir PANDEMIE.

La seconde vague débute au mois de septembre 1918 et le pic des décès est atteint entre les mois de novembre et de décembre 1918 même si le gouvernement impose cette fois-ci des quarantaines qui vont malgré tout faire reculer la pandémie. Toutefois, les carences dues à la guerre elles-mêmes associées à de très mauvaises conditions sanitaires, n’empêchent pas le départ d’une troisième vague particulièrement meurtrière au début de l’année 1919.

La grippe espagnole comporte une forte contagiosité, deux fois plus élevée qu’une grippe saisonnière ; sa période d’incubation est de deux à trois jours avant le déclenchement des symptômes : affaiblissement des défenses immunitaires, fièvre, difficultés respiratoires, toux, migraine, courbatures, maux de gorge, perte du goût et de l’odorat, encéphalites…, lesquels vont se manifester durant trois à cinq jours.

Le bilan de la mortalité par grippe espagnole en France est particulièrement sévère : 400.000 morts et selon l’Institut Pasteur, le nombre de décès à l’échelle mondiale atteint la moyenne de vingt à cinquante millions de morts. Parmi les nombreuses victimes de la pandémie, des célébrités comme Guillaume Apollinaire, Edmond Rostand, Franz Kakfa, Max Weber, Rodriguez Alves (alors Président du Brésil), Frederick Trump (grand-père de Donald, ex Président des Etats-Unis). Ce lourd tribu, complété de millions d’anonymes, mène la Société Des Nations à créer dès 1922 un Comité de la Santé et de l’Organisation d’Hygiène pour lutter contre le retour d’épidémies. Ce Comité est d’ailleurs l’initiateur de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) créée en 1948.

L’émergence de maladies neurodégénératives s’est manifestée plusieurs années chez des patients survivants et ayant été infectés par le virus de la grippe espagnole. Les professionnels de santé et plus précisément des neurologues se sont penchés sur le phénomène et craignent l’émergence de pathologies neurologiques chez les patients actuellement infectés par le Coronavirus ! En effet, de nombreuses similitudes, notamment dans la manifestation symptomatologique entre la « Covid-19 » et la grippe espagnole entraîne de profondes réflexions chez les professionnels de santé.

Dans la revue Alzheimer’s Association, des cas de démence, de déclin cognitif ont été relatés en regard des problèmes neurologiques manifestés dans le passé chez les patients infectés ; ceux-ci ont été touchés par la recrudescence de cas de maladie de Parkinson et c’est notamment ce qui fait dire aux chercheurs : « Qu’une infection par le virus de la grippe pourrait être un facteur supplémentaire pour favoriser le développement de la maladie de Parkinson » (étude américaine menée à Memphis, Tennessee), d’autant que le nombre de patients ayant développé la maladie dans le monde s’élève au million !

Le virus à l’origine de la « Covid-19 : le SARS-COV-2 » a cette propension à venir se fixer sur le système nerveux central, donc on peut faire l’hypothèse qu’il impacte son fonctionnement. Et effectivement, les chiffres parlent puisque nous savons aujourd’hui que 8 % des malades hospitalisés souffrent d’atteintes neurologiques et plus précisément : d’accident vasculaire cérébral ischémique, d’encéphalite, d’encéphalopathie, de syndrome de Guillain-Barré (paralysie des membres) -ces différents tableaux cliniques sont développés pour la revue scientifique The Conversation par Elodie Meppiel, neurologue au Centre Hospitalier de Saint-Denis et par Pierre Tattevin, infectiologue à l’INSERM- mais également d’une perte de l’odorat et du goût.

Alors, doit-on s’attendre dans les années à venir, comme ce fut le cas dans le contexte de la grippe espagnole, à observer un effet boomerang de la « Covid -19 » et notamment dans le domaine des pathologies dégénératives ?
cecile aguesse geronto psychologue portrait

Cécile AGUESSE,
Géronto-psychologue.

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