Non, le rire n’est pas le propre de l’homme comme le souligne la psychologue et zoologiste Marina Davila Ross dans une étude qu’elle a réalisée à l’Université de Portsmouth en Grande-Bretagne. En effet, le rire s’inscrit dans l’évolution de l’espèce et ce depuis des millions d’années. Et puis, le chimpanzé rit lui aussi tout comme le chien lorsqu’il remue la queue…..
Alors qu’il est cloué à l’hôpital, sur son lit de souffrance, Norman Cousins s’adonne à des séances quotidiennes de rire, partant du postulat que les émotions négatives ont un impact sur la santé mentale et physique, l’inverse doit être également vrai ? Et effectivement, les médecins et lui-même constatent que son état général s’est amélioré au bout de quelques mois. Cette découverte empirique fait dire que la santé d’un sujet est proportionnelle à la quantité de son rire. D’ailleurs, Sigmund Freud disait déjà du rire que : « L’humour permet de combattre la souffrance en faisant triompher le principe de plaisir ».
Cette révélation a permis la création de 2.500 clubs du rire répartis dans le monde entier dont 160 sur le territoire français. L’usage de la gelothérapie (gelos = rire et logos = parole, discours) repose sur les compétences d’un moniteur diplômé qui invite les participants à opter pour des postures leur permettant de rire sans raison précise. Chaque séance se déroule sur 15 minutes jusqu’à 1 heure. Il semble qu’actuellement la thérapie par le rire ou gelothérapie, ait de beaux jours devant elle ! En effet, le rire offre de multiples vertus au plan psychologique et au plan physique. Etudions plus précisément le fonctionnement de cette mécanique qui fait tant de bien au corps et à l’âme.
Le point de départ est l’ordre moteur déclenché dans le cortex préfrontal médio ventral droit lui-même raccordé au système impliqué dans la sensation de plaisir. Une fois que l’on commence à rire, l’hypothalamus va ajuster l’intensité du rire. Soit, nous allons simplement sourire, soit nous allons éclater de rire. Pour se mettre à rire, l’information doit être transmise d’un neurone à l’autre ; dans ce comportement émotionnel qu’est le rire, cinq neuromédiateurs -ces messagers chimiques qui communiquent l’information entre les différents neurones- sont impliqués. Il s’agit de : l’acétylcholine, de la dopamine, du Gaba, de la sérotonine, de la noradrénaline.
L’acétylcholine est un neuromédiateur impliqué dans l’apprentissage, dans la mémoire, dans l’activité musculaire, dans les fonctions végétatives comme la respiration, la sudation, la digestion ou encore la thermorégulation…
La dopamine intervient dans le phénomène de la motivation, du plaisir abstrait -comme l’est admirer une oeuvre d’art-, dans les processus attentionnels, dans l’addiction ou l’amour….
Le Gaba est un neuromédiateur qui intervient dans la croissance de certains neurones, qui réduit également l’excitation -d’autres neurones- par son processus inhibiteur ou qui intervient au niveau cognitif, dans le contrôle du stress…
La sérotonine est un neuromédiateur qui intervient dans la régulation de l’humeur, dans l’émotivité, sur le sommeil, au niveau alimentaire -notamment boulimique-, sur l’agressivité, la tendance suicidaire…
Enfin, la noradrénaline est un neuromédiateur qui module les capacités attentionnelles, l’apprentissage et qui intervient dans les émotions, l’état de vigilance, le sommeil…
Techniquement lorsque l’on rit, ce comportement entraîne l’augmentation de la sécrétion des neuromédiateurs précédents, qui à leur tour vont entraîner certains bénéfices au niveau psychologique : en aidant à réduire l’anxiété, l’état dépressif, le stress ; en améliorant les performances de la mémorisation à court-terme (souvent altérée par l’impact des maladies psychiatriques et/ou neurodégénératives), mais aussi au niveau physique : en permettant une diminution de l’hypertension artérielle, en augmentant le taux d’HDL (le bon cholestérol) dans le sang, en aidant à améliorer la qualité du sommeil (souvent désynchronisé chez la personne âgée), en réduisant le diabète, en participant à l’amélioration du système cardiovasculaire et donc en limitant l’apparition de pathologies telles que l’infarctus et/ou l’accident vasculaire cérébral ; en aidant à l’augmentation du nombre de cellules immunitaires et à l’accroissement du taux d’anticorps pour protéger et défendre l’organisme contre les agressions, enfin en diminuant la sécrétion de cortisol l’hormone du stress.
Pour clore, le rire favorise l’harmonie du corps, des émotions et de l’esprit. Alors, riez, c’est bon pour la santé !